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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/148

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ISABELLE DE BAVIÈRE


était jalouse ; et, sous ce rapport, ne devait-elle pas, comme elle en convint depuis, faire refluer sur sa rivale les soupçons qui se réveillaient, et que faisait naître l’impossibilité d’attribuer à une cause naturelle la douloureuse situation du roi ?

Mais, objectera-t-on, sans doute que pour se défaire d’une rivale, une femme comme Isabelle devait trouver dans le poison un moyen plus sûr et plus prompt. Cela est vrai dans un sens ; mais la coupable attirait alors les regards ; chargée d’un soupçon, tous les autres retombaient aussitôt sur elle, et notre héroïne était trop adroite, trop exercée dans le crime, pour ne pas être parfaitement instruite de tout ce qui était nécessaire à la fois pour le commettre en sûreté, et pour détourner l’opinion publique, quand elle a l’air de se fixer sur les coupables.

Dès lors, Isabelle fit sentir au duc d’Orléans combien il devenait dangereux pour leur association d’y conserver une femme qui, quoi qu’elle fût l’amie du roi, venait néanmoins d’employer contre lui et sans leur participation des moyens violents, dont sans doute elle voulait profiter toute seule. « Mais ces moyens, répondit d’Orléans, ne les avons-nous pas employés de concert ? — Oui, de concert, dit la reine, mais votre femme vient d’agir seule, sans nous rien dire, et certainement elle a