venir à une action générale qui, de quelque manière
qu’elle tournât, ne pouvait que devenir
funeste, lorsqu’à la sollicitation des oncles de nos
deux jeunes rivaux, on conclut enfin à Vincennes
un arrangement auquel Isabelle participa et dont
les premiers fruits furent le désarmement et le
renvoi des troupes.
À la suite de cette pacification simulée, les deux rivaux réunis à l’hôtel de Nesle, chez le duc de Berri, leur oncle, s’embrassèrent avec tous les simulacres de la plus parfaite cordialité et couchèrent dans le même lit, ce qui était dans ces temps le signe le plus certain d’un raccommodement entre deux guerriers ennemis.
La reine reparut bientôt dans la capitale et, continuant de cacher ses vices sous une audacieuse effronterie, elle arriva dans une litière découverte, dont les chevaux richement caparaçonnés étaient ferrés d’argent ; les ducs de Bourgogne et d’Orléans marchaient à ses côtés ; les dames de sa suite étalaient un luxe égal à celui de leur maîtresse et dont jamais, dit-on, il ne s’était encore vu d’exemple.
Pendant ce temps, le malheureux Charles était réduit à la plus extrême détresse que rendait plus cruelle encore le redoublement des crises de sa frénésie, et tous les yeux se fermaient sur son état ; ses maux n’attendrissaient pas un seul cœur. Isa-