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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/205

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ISABELLE DE BAVIÈRE


ardent et bien plus pur, brûle mon cœur comme le sien ; veuillez en recevoir l’hommage : oui, Madame, je vous adore, et cette passion violente dont je fais le serment à vos pieds, vous garantit à la fois mon silence et mes soins. Nécessairement jetés par Louis dans la carrière où nous allons nous étayer mutuellement, il y aurait autant de lâcheté à n’oser s’y plonger ensemble, qu’il y a de grandeur et de courage à y précipiter notre ennemi commun. Mais que rien ne retarde l’effet de cette résolution : Louis est aimé de Charles, il peut nous nuire, si nous ne nous hâtons ; faits pour régner tous deux, plaçons-nous sans frayeur où la main du ciel nous élève ; ce qu’il nous conseille est donc juste, puisqu’il nous l’a rendu nécessaire. Prononcez, Madame ; devenez à la fois et ma complice et mon amante, ou je deviens moi-même à l’instant votre délateur et votre ennemi.

— Cette menace, répondit Isabelle, m’effraie peu, relativement à la délation : j’ai pour principe ou de ne point trembler et de ne me repentir jamais de ce que je fais, ou de ne jamais faire ce qui me donnerait des craintes et des remords. L’inimitié que vous me faites redouter a plus d’empire sur une âme telle que la mienne ; vous êtes prévenu, Monsieur, dans les sentiments que vous m’avouez ;