Aller au contenu

Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
ISABELLE DE BAVIÈRE


blâme de ces déprédations, tenait quelques propos capables de brouiller le duc de Bourgogne avec la reine qui, de ce moment, décida sa perte. Or, cette perte devenait utile à la fois au duc et à la reine puisqu’elle débarrassait Isabelle d’un traître et le duc d’un surveillant incommode. Le malheureux Montagu froissé entre deux autorités qu’il croyait opposées l’une à l’autre, et dont il s’imaginait servir la plus puissante, périt donc victime de toutes deux : exemple frappant pour l’homme de cour qui, cédant au torrent de la fortune, est tôt ou tard rejeté par les vagues dangereuses de ce torrent sur des écueils qu’il méconnaissait, et c’est ce qui prouve que le plus sage parti que puisse prendre un honnête homme est de ne jamais s’immiscer dans les querelles des grands.

Mais d’où venait d’ailleurs l’intérêt qu’avait pris autrefois Isabelle à Montagu ? Le crime en était encore la base. Ce ministre avait été le confident de tous les attentats commis par la reine et par d’Orléans sur la personne du roi : pouvait-il échapper à la mort ? Ne se souvient-on pas des pierres dont Mahomet combla le puits dans lequel il avait fait descendre son complice ? Une particularité singulière du procès de Montagu, c’est que, nageant dans l’abondance, pendant que le roi mourait de faim, il prêtait sur gages à ce malheureux prince.