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ISABELLE DE BAVIÈRE


riques et jamais la victoire ne cessera de couronner la bonne cause. Enlevez de sa main les lauriers qu’elle vous présente : vous les offrirait-elle si vous étiez des lâches ? Vos fronts en seraient-ils ornés d’avance, si vous n’étiez pas sûrs de les mériter ? Ah ! je lis vos succès dans vos yeux. Surtout ne soyez pas plus sensibles que ceux qui vous attaquent : les avez-vous vus quelquefois se rendre à la pitié ? Le seul sentiment qui les anime est celui de la rage ; opposez-leur celui d’une légitime vengeance et frappez sans miséricorde ceux qui ne vous ménageraient pas, s’ils parvenaient jamais à vous vaincre… Vous vaincre !… Vous ?… que dis-je des héros conduits par le sentiment de l’honneur et par l’amour de leur prince peuvent-ils donc jamais être vaincus ? Regardez-les ces faibles ennemis, uniquement guidés par la scélératesse : dans leur contenance incertaine se lit déjà leur défaite ; ce ne sont plus des armes qu’il faut pour les abattre, ils disparaîtront à votre vue : le crime soutient-il l’aspect de la vertu ? Si votre sang enfin coule dans les combats, ce sera celui du juste, quand vous ne ferez jaillir que celui de l’impie, et ce sang précieux que vous allez offrir à Dieu vous deviendra près de lui des titres bien certains aux palmes éternelles, dont aux pieds de son trône vos fronts victorieux seront couronnés par ses mains. »