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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/295

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ISABELLE DE BAVIÈRE


de lettres pour la famille royale. Le comte d’Armagnac se chargea de la réponse : il fit dire au duc qu’il ne répondait pas de sa vie s’il s’approchait de la capitale ; mais Jean sans Peur ne devait pas être effrayé d’une telle menace : aussi n’en tint-il aucun compte.

Il vint jusqu’à la porte Saint-Honoré, se flattant que bientôt les habitants de Paris suppléeraient au petit nombre de soldats qu’il avait amenés. Il porta l’audace plus loin, et toujours secrètement favorisé par la reine, il fit afficher dans Paris que rien n’égalait la loyauté de ses projets, et qu’il n’avait absolument d’autre intention que celle d’adoucir l’esclavage dans lequel Leurs Majestés et le dauphin étaient retenus par les Orléanais. On ne répondit à ses fanfaronnades qu’en le déclarant ennemi de l’état ; ce fut tout le Parlement à cheval, le chancelier à leur tête, qui proclama cette résolution dans la ville, sorte de formalité qui certes aurait déridé les fronts sans l’importance du sujet[1].

  1. Il semble que l’austérité des prêtres de Thémis doive exclure de leurs cérémonies tout ce qui ne tient qu’à l’arbitraire, ou à la frivolité ; or, un homme à cheval ne donne point d’autre idée que celle d’un guerrier qui va se battre ou d’un désœuvré qui se promène, et il n’est aucune de ces physionomies qui n’altère la gravité du magistrat, organe ou dépositaire des lois de sa nation.