guerite, sa fille, il pourrait devenir une machine
qu’il ferait mouvoir à son gré. Jamais Louis n’eut
d’enfant de la fille du duc : ses habitudes contraires
à la nature l’en empêcheront toujours et
malheureusement ces honteuses habitudes le
rendent l’esclave de ses favoris. De ce moment, il
n’existe aucun lien qui puisse l’attacher au duc et,
loin de suivre les impulsions du père d’une femme
qu’il n’aime point, il ne se rendra qu’à celles des
courtisans qu’il chérit et qui sont fort contraires à
nos désirs. C’est d’ailleurs pour la France une perte
légère que celle d’un jeune prince dont aucune
vertu ne rachète les vices. Que tout ceci ne vous
fasse rien redouter, ni pour vous ni pour moi, de
celui que nous allons priver d’un gendre qui doit
lui être fort indifférent : quelque difficulté que
j’ai eu de le convaincre, il me paraît maintenant
très près de se rendre, et quand il saura que nous
aurons nous-mêmes pris toutes les mesures propres
à éloigner pour jamais un enfant qui n’aurait pu
que nous nuire, il achèvera de se persuader. Bourdon,
je ne vous en dis pas davantage ; mais il faut
que sous peu Louis soit loin du séjour des hommes.
Bourdon voulut répliquer ; Isabelle le menaça, il se tut, le crime fut commis[1].
- ↑ 10e liasse, fo 18.