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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/351

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ISABELLE DE BAVIÈRE


dauphin allait, en rentrant dans Paris, exterminer le parti de la reine et du duc de Bourgogne.

Isabelle écrit sur-le-champ aux chefs de sa faction et leur mande que, pour éviter de nouveaux troubles, il n’y a plus d’autre moyen que d’exterminer à l’instant tout ce qui peut encore rester d’Armagnacs, et que si l’on ne le fait pas, jamais le duc de Bourgogne ne pourra rentrer dans la capitale. On ne fit que trop de cas de cette funeste recommandation.

Le 12 juin 1418, le peuple furieux prend les armes, s’élance impétueusement vers les prisons, où l’on vient de renfermer ceux de la faction qu’il proscrit, et là, toujours aveugle quand il se déchaîne, toujours féroce quand il ne raisonne plus, il égorge sans choix, sans pitié comme sans justice tout ce que recèlent ces sinistres asiles de la douleur et du désespoir.

C’est l’un après l’autre qu’on oblige les prisonniers de sortir, et c’est individuellement qu’on les assassine : Bourguignons, Armagnacs, Royalistes, Dauphinois, infortunés retenus pour dettes, malfaiteurs enchaînés pour crimes, tout s’immole, tout est impitoyablement déchiré. Ce n’est plus l’opinion, ce n’est plus le forfait qu’on cherche à punir : le glaive de la mort ne brille que dans les mains de la frénésie, de la rage et de la scélératesse.