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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/354

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ISABELLE DE BAVIÈRE


riches vêtements qu’ils avaient enlevés dans les hôtels.

Tous les genres de crimes, en un mot, éclatèrent dans ce désordre horrible. C’est en vain qu’on cherchait quelques traits de la physionomie humaine sur ces fronts hideux et sanglants, ils ne présentaient plus que les contorsions des furies de l’enfer déchirant leur proie.

On prétendait que ces fléaux étaient une punition de Dieu. Pourquoi donc, dans ce cas, sa justice épargna-t-elle les deux agents de ces exécrations, et pourquoi les vit-on le lendemain, réunis dans le même char, parcourir en triomphe ces rues teintes du sang qui venait de couler en leur nom ?

Ils étaient escortés de douze cents hommes et des plus belles filles de la capitale ; des infortunées, qui peut-être avaient à pleurer leurs pères ou leurs amants, semèrent de fleurs mouillées de leurs larmes le chemin que devaient parcourir Isabelle et Bourgogne.

La reine accueillait ces enfants d’un rire sardonique, elle les effrayait par son luxe, elle les scandalisait par l’immodestie de sa parure et par l’effronterie avec laquelle ce monstre osait considérer les plus chers objets de ceux que venaient d’égorger ses poignards.

On dit que dans cette traversée, pour une cause