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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/374

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ISABELLE DE BAVIÈRE


d’Armagnac, dès que vous en laissez vivre le chef ? Voyez-le encore même aujourd’hui entouré de tous ceux qui tenaient le plus à ce parti toujours prêt à fondre sur nous. Eh ! quoi, celui qui n’a pas craint pendant tant d’années de répandre le sang de ses plus mortels ennemis, frémira de verser celui de leur chef ! Beau sire, vous ne me ferez pas cette honte d’être liée avec le plus faible des hommes ; car vous ne passerez que comme tel aux yeux de la postérité, si après avoir perdu tous ceux qui voulaient nous perdre, vous balanciez à vous défaire de celui qui les représente tous. Je ne me déguise point les dangers que vous courez dans cette fatale entrevue ; mon cœur les voit et ne les diminue pas, c’est à vous de prendre l’avance soyez aussi adroit, aussi entreprenant qu’ils seront scélérats et fourbes ; éloignez surtout de votre esprit l’idée que c’est le fils d’Isabelle et celui du roi votre seigneur que vous sacrifiez ; ne voyez dans cet idiot que le plus dangereux de nos ennemis, n’y voyez qu’un homme persuadé de faire une bonne action en frappant le premier celui dont il serait frappé lui-même s’il lui en laissait le temps, et souvenez-vous surtout qu’en politique il n’exista jamais de crime à se défaire de l’être qui veut nous détruire.

— Songez-vous, Madame, répondit le duc, à la