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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/144

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nante ſoignait celle des filles, dans laquelle il paſſait auſſitôt qu’il avait fini l’inſtruction des garçons ; il apprenait à ces jeunes éleves à écrire, l’arithmétique, un peu d’hiſtoire, le deſſin, la muſique, & n’employait pour tout cela d’autres maîtres que lui.

Je témoignai d’abord mon étonnement à Roſalie, de ce que ſon pere exerçant la fonction de Chirurgien, pût en même-temps remplir celle de maître d’École, je lui dis qu’il me paraiſſait ſingulier, que pouvant vivre à l’aiſe ſans profeſſer ni l’un ni l’autre de ces états, il ſe donnât la peine d’y vaquer. Roſalie avec laquelle j’étais déjà fort-bien, ſe mit à rire de ma réflexion ; la maniere dont elle prit ce que je lui diſais, ne me donna que plus de curioſité, & je la ſuppliai de s’ouvrir entierement à moi. Écoute, me dit cette charmante fille avec toute la candeur de ſon âge & toute la naïveté de ſon aimable caractere ; écoute, Théreſe, je vais tout te dire, je vois bien que tu es une honnête fille… incapable de trahir le ſecret que je vais te confier.

Aſſurément, chere amie, mon pere peut ſe paſſer de tout ceci s’il exerce l’un ou l’autre des métiers que tu lui vois faire, deux motifs que je vais te révéler en ſont cauſe. Il fait la chirurgie par goût, pour le ſeul plaiſir de faire dans ſon art de nouvelles découvertes, il les a tellement multipliées, il a donné ſur ſa partie des ouvrages

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