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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/17

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ame au bien tout auſſi sûrement que ſi on lui eût montré dans cette route de la vertu les palmes les plus brillantes, & les plus flatteuſes récompenſes. Il eſt cruel ſans doute d’avoir à peindre une foule de malheurs accablant la femme douce & ſenſible, qui reſpecte le mieux la vertu, & d’une autre part l’affluence des proſpérités ſur ceux qui écraſent ou mortifient cette même femme. Mais s’il naît cependant un bien du tableau de ces fatalités, aura-t-on des remords de les avoir offertes ? Pourra-t-on être fâché d’avoir établi un fait, d’où il réſultera pour le ſage qui lit avec fruit, la leçon ſi utile de la ſoumiſſion aux ordres de la Providence, & l’avertiſſement fatal que c’eſt ſouvent pour nous ramener à nos devoirs, que le Ciel frappe à côté de nous l’être qui nous paraît mieux avoir rempli les ſiens.

Tels ſont les ſentimens qui vont diriger nos travaux, & c’est en conſidération de ces motifs que nous demandons au lecteur, de l’indulgence pour les ſyſtêmes erronés qui ſont placés dans la bouche de pluſieurs de nos perſonnages, & pour les ſituations quelquefois un peu fortes, que, par amour pour la vérité, nous avons dû mettre ſous ſes yeux.


Madame la Comteſſe de Lorſange était une de ces Prêtreſſes de Vénus, dont la fortune eſt l’ouvrage d’une jolie figure & de beaucoup d’incon-

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