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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/178

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mêle l’hommage, de ces careſſes dures & féroces qui dégradent l’idole au lieu de l’honorer. S’il y avait eu là des verges, j’étais cruellement traitée. On en parla, mais il ne s’en trouva point, on ſe contenta de ce que la main put faire ; on me mit en feu… plus je me défendais, mieux j’étais contenue ; quand je vis pourtant qu’on allait ſe décider à des choſes plus ſérieuſes, je me précipitai aux pieds de mes bourreaux, je leur offris ma vie, & leur demandai l’honneur. — Mais dès que tu n’es pas vierge, dit Rombeau, qu’importe, tu ne ſeras coupable de rien, nous allons te violer comme tu l’as déjà été, & dès-lors pas le plus petit péché ſur ta conſcience ; ce ſera la force qui t’aura tout ravi… & l’infâme en me conſolant de cette cruelle manière, me plaçait déjà ſur un canapé. — Non, dit Rodin en arrêtant l’efferveſcence de ſon Confrere dont j’étais toute prête à devenir victime, non, ne perdons pas nos forces avec cette créature, ſonge que nous ne pouvons remettre plus loin les opérations projettées ſur Roſalie, & notre vigueur nous eſt néceſſaire pour y procéder : puniſſons autrement cette malheureuſe. En diſant cela, Rodin met un fer au feu. Oui, continue-t-il, puniſſons-la mille fois davantage que ſi nous prenions ſa vie, marquons-la, flétriſſons-la ; cet aviliſſement joint à toutes les mauvaiſes affaires qu’elle a ſur le corps, la fera pendre ou mourir de faim ; elle ſouffrira du moins juſques-là, & notre ven-