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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/199

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tes ſans en excepter une ſeule ; que pendant ce temps les huit autres femmes ſe tiennent autour de nous, pour prévenir les beſoins, ou pour les exciter. Auſſitôt un cercle ſe forme, on me place au milieu, & là, pendant plus de deux heures, je ſuis examinée, conſidérée, touchée par ces quatre Moines, éprouvant tour-à-tour de chacun, ou des éloges, ou des critiques.

Vous me permettrez, Madame, dit notre belle priſonniere en rougiſſant, de vous déguiſer une partie des détails obſcènes de cette odieuſe cérémonie ; que votre imagination ſe repréſente tout ce que la débauche peut en tel cas dicter à des ſcélérats ; qu’elle les voie ſucceſſivement paſſer de mes compagnes à moi, comparer, rapprocher, confronter, diſcourir, & elle n’aura vraiſemblablement encore qu’une faible idée de ce qui s’exécuta dans ces premieres orgies bien légeres ſans doute, en comparaiſon de toutes les horreurs que j’allais bientôt éprouver.

Allons, dit Sévérino dont les deſirs prodigieuſement exaltés ne peuvent plus ſe contenir, & qui dans cet affreux état donne l’idée d’un tigre prêt à dévorer ſa victime, que chacun de nous lui faſſe éprouver ſa jouiſſance favorite ; & l’infâme me plaçant ſur un canapé dans l’attitude propice à ſes exécrables projets, me faiſant tenir par deux de ſes Moines, eſſaie de ſe ſatisfaire avec moi de cette façon criminelle & perverſe qui ne nous fait

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