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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/207

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l’ivreſſe de ce libertin… Conſultez-le, s’avouera-t-il cruel ? Il n’a rien fait qu’il n’endure lui-même.

Clément pince légèrement les chairs de la petite fille : la jouiſſance offerte à côté, lui devient interdite, mais on le traite comme il a traité, & il laiſſe aux pieds de l’idole l’encens qu’il n’a plus la force de lancer juſqu’au ſanctuaire.

Antonin s’amuſe à pétrir fortement les parties charnues du corps de ſa victime ; embrâſé des bonds qu’elle fait, il ſe précipite dans la partie offerte à ſes plaiſirs de choix. Il eſt à ſon tour pétri, battu, & ſon ivreſſe eſt le fruit des tourmens.

Le vieux Jérôme ne ſe ſert que de ſes dents, mais chaque morſure laiſſe une trace dont le ſang jaillit auſſitôt ; après une douzaine, le plaſtron lui préſente la bouche ; il y appaiſe ſa fureur, pendant qu’il eſt mordu lui-même auſſi fortement qu’il l’a fait.

Les Moines boivent & reprennent des forces.

La femme de trente-ſix ans, groſſe de ſix mois, ainſi que je vous l’ai dit, eſt huchée par eux, ſur un piedeſtal de huit pieds de haut ; ne pouvant y poſer qu’une jambe, elle eſt obligée d’avoir l’autre en l’air ; autour d’elle ſont des matelats garnis de ronces, de houx, d’épines, à trois pieds d’épaiſſeur, une gaule flexible lui eſt donnée pour la ſoutenir : il eſt aiſé de voir d’un