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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/277

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L’empire de la beauté contraint au reſpect ; le ſcélérat le plus corrompu lui rend malgré ſon cœur une eſpece de culte qu’il n’enfreint jamais ſans remords ; mais des monſtres tels que ceux auxquels nous avions à faire, languiſſent peu ſous de tels freins. — Allons, bel enfant, dit le Supérieur en l’attirant avec impudence vers le fauteuil ſur lequel il était aſſis, allons, faites-nous voir ſi le reſte de vos charmes répond à ceux que la Nature a placés avec tant de profuſion ſur votre phyſionomie. Et comme cette belle fille ſe troublait, comme elle rougiſſait, & qu’elle cherchait à s’éloigner, Sévérino la ſaiſiſſant bruſquement au travers du corps, — comprenez, lui dit-il, petite Agnès, comprenez donc, que ce qu’on veut vous dire eſt de vous mettre à l’inſtant toute nue ; & le libertin à ces mots, lui gliſſe une main ſous les jupes en la contenant de l’autre ; Clément s’approche, il releve juſqu’au deſſus des reins les vêtemens d’Octavie, & expoſe, au moyen de cette manœuvre, les attraits les plus doux, les plus appétiſſans qu’il ſoit poſſible de voir ; Sévérino qui touche, mais qui n’aperçoit pas, ſe courbe pour regarder, & les voilà tous quatre à convenir qu’ils n’ont jamais rien vu d’auſſi beau. Cependant la modeſte Octavie peu faite à de pareils outrages, répand des larmes & ſe défend. — Déshabillons, déshabillons, dit Antonin, on ne peut rien voir comme cela ; il aide à Sévérino,

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