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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/289

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je les trouvais fortes. Le trou ſe fait pourtant, mais un ſol ferme au-delà… plus rien qui m’annonçât les mêmes horreurs que je venais de rencontrer ; je parviens ainſi au bord du foſſé, ſans avoir trouvé la muraille que m’avait annoncée Omphale ; il n’y en avait ſûrement point, & il eſt vraiſemblable que les Moines ne le diſaient que pour nous effrayer davantage. Moins enfermée au-delà de cette ſextuple enceinte, je diſtinguai mieux les objets ; l’égliſe & le corps-de-logis qui s’y trouvaient adoſſés ſe préſenterent auſſitôt à mes regards ; le foſſé bordait l’un & l’autre ; je me gardai bien de chercher à le franchir de ce côté ; je longeai les bords, & me voyant enfin en face d’une des routes de la forêt, je réſolus de le traverſer là & de me jetter dans cette route quand j’aurais remonté l’autre bord. Ce foſſé était très-profond, mais ſec pour mon bonheur ; comme le revêtiſſement était de brique, il n’y avait nul moyen d’y gliſſer, je me précipitai donc : un peu étourdie de ma chute, je fus quelques inſtans avant de me relever… Je pourſuis, j’atteins l’autre bord ſans obſtacle, mais comment le gravir ? À force de chercher un endroit commode, j’en trouve un à la fin où quelques briques démolies me donnaient à la fois & la facilité de me ſervir des autres comme d’échelons, & celle d’enfoncer, pour me ſoutenir, la pointe de mon pied dans la terre ; j’étais déjà preſ-

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