Aller au contenu

Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
( 16 )


le reſte de ce château ; une porte s’ouvre, nous entrons dans une antichambre où je reconnais les deux vieilles qui m’avoient ſervie pendant ma défaillance. Elles ſe leverent & nous introduiſirent dans un appartement ſuperbe où nous trouvames la malheureuſe Comteſſe brodant au tambour ſur une chaiſe longue : elle ſe leva quand elle apperçut ſon mari : — aſſeyez-vous, lui dit le Comte, je vous permets de m’écouter ainſi. Voilà, enfin une femme-de-chambre que je vous ai trouvée, Madame, continua-t-il, j’eſpere que vous vous ſouviendrez du ſort que vous avez fait éprouver aux autres, & que vous ne chercherez pas à plonger celle-ci dans les mêmes malheurs. — Cela ſerait inutile, dis-je alors, pleine d’envie de ſervir cette infortunée, & voulant déguiſer mes deſſeins ; oui, Madame, j’ose le certifier devant vous, cela ſerait inutile, vous ne me direz pas une parole que je ne la rende auſſitôt à Monſieur votre époux, & certainement je ne riſquerai pas ma vie pour vous ſervir. — Je n’entreprendrai rien, qui puiſſe vous mettre dans ce cas-là, Mademoiſelle, dit cette pauvre femme, qui ne comprenait pas encore les motifs qui me faiſaient parler ainſi, ſoyez tranquille : je ne vous demande que vos ſoins. — Ils ſeront à vous tout-entiers, Madame, répondis-je, mais rien au-delà ; & le Comte enchanté de moi me ſerra la main en me diſant à l’oreille : bien, Théreſe, ta

fortune