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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/327

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n’y mettait rien du ſien, & tout cela n’était plus que des véhicules qui le diſpoſaient à la grande ſcene.

Cependant j’avais trouvé le ſecret de me mettre on ne ſaurait mieux dans l’eſprit de cet homme : il avouait naturellement que peu de femmes lui avaient autant plu ; j’acquis de-là des droits à ſa confiance, dont je ne profitai que pour ſervir ma maitreſſe.

Un matin, que Gernande m’avait fait venir dans ſon cabinet pour me faire part de quelques nouveaux projets de libertinage ; après l’avoir bien écouté, bien applaudi, je voulus, le voyant aſſez calme, eſſayer de l’attendrir ſur le ſort de ſa malheureuſe épouſe ; eſt-il poſſible, Monſieur, lui diſais-je, qu’on puiſſe traiter une femme de cette maniere, indépendamment de tous ſes liens avec vous ? daignez donc réfléchir aux graces touchantes de ſon ſexe.

Oh ! Théreſe ! avec de l’eſprit, me répondit le Comte, eſt-il poſſible de m’apporter pour raiſons de calme, celles qui poſitivement m’irritent le mieux. Écoute-moi, chere fille, pourſuivit-il en me, faiſant placer auprès de lui, & quelles que ſoient les invectives que tu vas m’entendre proférer contre ton ſexe, point d’emportement ; des raiſons, je m’y rendrai, ſi elles ſont bonnes.

De quel droit, je te prie, prétends-tu, Théreſe, qu’un mari ſoit obligé, de faire le bonheur