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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/393

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lui dit ma compagne en le repouſſant avec horreur, éloigne-toi ; ne joins pas aux tourmens que tu m’infliges le déſeſpoir d’entendre tes horribles propos ; tigre, aſſouvis ta rage, mais reſpecte au moins mes malheurs. Roland la prit, il la coucha ſur le canapé les cuiſſes très-ouvertes, & l’atelier de la génération abſolument à ſa portée. — Temple de mes anciens plaiſirs, s’écria cet infâme, vous qui m’en procurâtes de ſi doux quand je cueuillis vos premieres roſes, il faut bien que je vous faſſe auſſi mes adieux… Le ſcélérat ! il y introduiſit ſes ongles, & farfouillant avec, pluſieurs minutes, dans l’intérieur, pendant leſquelles Suzanne jettait les hauts cris, il ne les retira que couverts de ſang. Raſſaſié de ces horreurs, & ſentant bien qu’il ne lui était plus poſſible de ſe contenir, — allons, Théreſe, me dit-il, allons, chere fille, dénouons tout ceci par une petite ſcène du jeu de coupe-corde[1] ; tel était le nom de

  1. Ce jeu qui a été décrit plus haut, était fort en uſage chez les Celtes dont nous deſcendons (Voy. l’Hiſt. des Celtes par M. Peloutier), preſque tous ces écarts de débauches, ces paſſions ſingulieres du libertinage, en partie décrites dans ce livre, & qui éveillent ridiculement aujourd’hui l’attention des loix, étaient jadis, ou des jeux de nos ancêtres qui valaient mieux que nous, ou des coutumes légales, ou des cérémonies religieuſes : maintenant nous en faiſons des crimes. Dans combien de cérémonies pieuſes des Payens faiſait-on uſage de la fuſtigation ! Pluſieurs peuples employaient ces mêmes tourmens, ou paſſions, pour inſtaller
  Tome II.
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