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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/398

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ſes intentions vis-à-vis de moi, ce ne ſerait aſſurément que pour la lui rendre.

Nous nous diſpoſons ; Roland s’échauffe par quelques-unes de ſes careſſes ordinaires ; il monte ſur le tabouret, je l’accroche ; il veut que je l’invective pendant ce temps-là, que je lui reproche toutes les horreurs de ſa vie, je le fais ; bientôt ſon dard menace le Ciel, lui même me fait ſigne de retirer le tabouret, j’obéis ; le croirez-vous, Madame, rien de ſi vrai que ce qu’avait cru Roland : ce ne furent que des ſymptômes de plaiſir qui ſe peignirent ſur ſon viſage, & preſqu’au même inſtant des jets rapides de ſemence s’élancerent à la voûte. Quand tout eſt répandu, ſans que je l’aie aidé en quoi que ce pût être, je vole le dégager, il tombe évanoui, mais à force de ſoins je lui ai bientôt fait reprendre ſes ſens. — Oh, Théreſe, me dit-il en r’ouvrant les yeux, on ne ſe figure point ces ſenſations ; elles ſont au-deſſus de tout ce qu’on peut dire : qu’on faſſe maintenant de moi ce que l’on voudra, je brave le glaive de Thémis. Tu vas me trouver encore bien coupable envers la reconnaiſſance, Théreſe, me dit Roland en m’attachant les mains derriere le dos, mais que veux-tu, ma chere, on ne ſe corrige point à mon âge… Chere créature, tu viens de me rendre à la vie, & je n’ai jamais ſi fortement conſpiré contre la tienne ; tu as plaint le ſort de Suzanne, eh bien ! je vais te réunir à elle ; je vais