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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/403

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reux nous donna une nouvelle ſcène de cruauté & de barbarie, dont les annales des Andronic, des Néron, des Tibere, des Venceſlas ne fourniſſent aucun exemple. Tout le monde croyait au château que la ſœur de Roland partirait avec lui, il l’avait fait habiller en conſéquence ; au moment de monter à cheval, il la conduit vers nous, voilà ton poſte, vile créature, lui dit-il, en lui ordonnant de ſe mettre nue, je veux que mes camarades ſe ſouviennent de moi en leur laiſſant pour gage, la femme dont ils me croyent le plus épris ; mais comme il n’en faut qu’un certain nombre ici, que je vais faire une route dangereuſe dans laquelle mes armes me ſeront peut-être utiles, il faut que j’eſſaie mes piſtolets ſur l’une de ces coquines ; en diſant cela, il en arme un, le préſente ſur la poitrine de chacune de nous, & revenant enfin à ſa ſœur, — va, lui dit-il, Catin, en lui brûlant la cervelle, va dire au diable que Roland le plus riche des ſcélérats de la terre eſt celui qui brave le plus inſolemment & la main du Ciel & la ſienne ! Cette infortunée qui n’expira pas tout de ſuite ſe débattit long-temps ſous ſes fers : ſpectacle horrible que cet infâme Coquin conſidere de ſang-froid & dont il ne s’arrache enfin qu’en s’éloignant pour toujours de nous.

Tout changea dès le lendemain du départ de Roland. Son ſucceſſeur homme doux & plein de raiſon nous fit à l’inſtant relâcher. — Ce n’eſt