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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/422

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je ſuis innocente, aſſure-t-il ; il défend expreſſément que l’on me pourſuive ; il meurt. À peine a-t-il fermé les yeux, que ſon aſſocié ſe hâte de venir me donner ces nouvelles, en me conjurant d’être tranquille. Hélas ! pouvais-je l’être ? pouvais-je ne pas pleurer amerement la perte d’un homme qui s’était ſi généreuſement offert à me tirer de l’infortune ! pouvais-je ne pas déplorer un vol qui me remettait dans la miſere, dont je ne faiſais que de ſortir ! Effroyable créature ! m’écriai-je ; ſi c’eſt là que conduiſent tes principes, faut-il s’étonner qu’on les abhorre, & que les honnêtes gens les puniſſent ! Mais je raiſonnais, en partie léſée, & la Dubois qui ne voyait que ſon bonheur, ſon intérêt dans ce qu’elle avait entrepris, concluait ſans doute bien différemment.

Je confiai tout à l’aſſocié de Dubreuil qui ſe nommait Valbois, & ce qu’on avait combiné contre celui qu’il perdait, & ce qui m’était arrivé à moi-même. Il me plaignit, regretta bien ſincerement Dubreuil & blâma l’excès de délicateſſe qui m’avait empêchée de m’aller plaindre auſſitôt que j’avais été inſtruite des projets de la Dubois ; nous combinames que ce monſtre auquel il ne fallait que quatre heures pour ſe mettre en pays de ſûreté, y ſerait plutôt que nous n’aurions aviſé à la faire pourſuivre ; qu’il nous en coûterait beaucoup de frais ; que le maître de l’auberge vivement compromis dans la plainte que nous ferions, & ſe défendant avec éclat, finirait peut-être par