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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/487

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elle prend quelqu’argent avec elle, s’élance dans une voiture, abandonne à Monſieur de Corville le reſte de ſon bien en lui indiquant des legs pieux, & vole à Paris, où elle entre aux Carmélites, dont au bout de très-peu d’années, elle devient l’exemple & l’édification, autant par ſa haute piété, que par la ſageſſe de ſon eſprit, & la régularité de ſes mœurs.

M. de Corville, digne d’obtenir les premiers emplois de ſa patrie, y parvint, & n’en fut honoré que pour faire à la fois le bonheur des Peuples, la gloire de ſon Maître, qu’il ſervit bien, quoique miniſtre, & la fortune de ſes amis.

Ô vous, qui répandites des larmes ſur les malheurs de la Vertu ; vous, qui plaignites l’infortunée Justine ; en pardonnant les crayons, peut-être un peu forts que l’on s’eſt trouvé contraint d’employer, puiſſiez-vous tirer au moins de cette hiſtoire le même fruit que Madame de Lorſange ! Puiſſiez-vous vous convaincre avec elle, que le véritable bonheur n’eſt qu’au ſein de la Vertu, & que ſi dans des vues qu’il ne nous appartient pas d’approfondir, Dieu permet qu’elle ſoit perſécutée ſur la Terre, c’eſt pour l’en dédommager dans le Ciel par les plus flatteuſes récompenſes.



FIN.