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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/131

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LA MARQUISE DE GANGE

et je te réponds qu’elle tournera suivant nos désirs.

L’abbé, muni des pouvoirs de son frère, se rendit l’homme le plus aimable auprès de madame de Châteaublanc ; ce fut lui qui lui fit les honneurs du château, qui la promena dans les environs ; et, comme on l’imagine aisément, le perfide, plus à son aise, ne manqua pas de laisser planer quelques soupçons sur la tête de l’intéressante marquise. — Il a bien fallu que nous ayons l’air d’être dupes de tout cela, dit Théodore à madame de Châteaublanc ; mais on se persuadera bien difficilement qu’Euphrasie soit sortie très pure des mains de Deschamps. Je veux bien croire qu’elle n’eut aucune part à cela ; mais un brigand fait ce qu’il veut d’une femme, quand il la menace le pistolet à la main. À l’égard de Villefranche, votre fille n’est pas également excusable ; et, sans son acquiescement, leur liaison ne serait pas si intime. Examinez-les bien tous les deux, et vous verrez si l’on peut s’y tromper. — J’ai bien de la peine à croire tout ce que vous me dites, monsieur, dit madame de Châteaublanc ; je connais la vertueuse retenue de ma fille ; elle est incapable de ce dont vous la soupçonnez. Généralement estimée de la famille où elle prit son premier époux, ne serait-elle donc entrée dans la vôtre que pour y voir ternir sa réputation ? Les plaisirs de la cour, où ma fille passa ses pre-