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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/196

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LA MARQUISE DE GANGE

et combien est alors ennemi de lui-même celui qui laisse prendre un tel empire à un poison aussi destructeur !

Un assez long espace s’écoula dans cet état de choses, pendant lequel l’abbé ne voyait plus ces dames que par civilité, et sans qu’aucune explication vînt aigrir ses visites. Mais la marquise désirait trop vivement un éclaircissement pour ne pas entreprendre tout ce qui pouvait l’amener là. Elle fit tout auprès de la bonne Rose pour la séduire et pour se l’attacher ; et, malgré tous les dangers qu’elle y courait, l’honnête fille s’engagea à ménager à l’une de ces deux dames la faculté de voir l’autre.

On sent bien que la mère, instruite du désir de sa fille, et reconnaissant à cela seul une partie des impostures de l’abbé, consentit à tout ce qui se faisait à cet égard. Il ne fut bientôt plus question que d’assurer le succès d’une entreprise d’autant plus périlleuse que Perret ne s’endormait pas, et qu’il était aussi bien disposé à servir les deux frères que Rose pouvait l’être à se sacrifier pour la mère et la fille.

Tout fut donc préparé pour cette dangereuse aventure. Euphrasie devait descendre chez sa mère, dont Rose aurait soin de laisser la porte entrouverte.

On était au mois de janvier. L’intéressante Euphrasie se lève en frissonnant ; elle passe dans