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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/232

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LA MARQUISE DE GANGE

retrouve, avec le lien de l’hymen, toutes les roses de l’amour.

Ce n’était pas sans agitation qu’Euphrasie avait écouté madame de Donis ; la passion la plus chaste colorait ses belles joues de ce mélange heureux de la pudeur et de la volupté ; des soupirs étoufiés agitent son beau sein et font palpiter son cœur comme celui de la colombe aux approches du compagnon de ses jeux.

— Mais, ma chère dame, dit-elle en se remettant, n’y a-t-il rien là contre l’honneur ? — Rien ; tout s’emploie pour vous rendre celui que la loi vous donne. — Contre la délicatesse ? — Encore moins ; peut-elle être ofiemée du dessein de reprendre auprès d’un époux les premières formes qui le séduisirent ? Cette manière, infiniment coupable avec un autre, devient vertueuse dans ce cas-ci, puisque votre unique objet est de rappeler votre époux au plus chaste lien.

Euphrasie se rend. On convient du jour. Il fallait, pour conserver toutes les apparences mystérieuses, n’arriver que le soir chez madame de Donis. La marquise arrive à neuf heures.

— Il y est, dit la comtesse ; il a trouvé la ruse charmante, et c’est avec délices qu’il consent à la mettre en jeu. Conduisez-vous bien ; souvenez-vous surtout qu’il se croit avec Euphrasie ; mais qu’Euphrasie ne doit rien dire qui prouve qu’elle est avec son époux. Mettez bien de l’art dans