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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/271

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LA MARQUISE DE GANGE

sur-le-champ à Marseille, pour la rentrée d’un bien de campagne, près de la ville, et dépendant de la succession de Nochères. On ne prévoyait pas, mandait-on à madame de Châteaublanc, que cette opération dût la faire rester plus de huit jours hors de chez elle. L’homme de loi qui lui faisait part de cette circonstance lui offrait, pour la recevoir, sa maison, située, disait-il, sur le Cours. La mère d’Euphrasie, déjà au fait de ce que cela pouvait être, se dispose à partir dès le lendemain, n’imaginant pas même devoir proposer à sa fille un voyage dont elle ne pourrait retirer que de l’ennui ; et d’après la brièveté de son absence elle néglige même de lui donner son adresse : elle se contente de lui dire qu’elle logera sur le Cours, et qu’elle lui écrira si par hasard son voyage doit se prolonger.

Euphrasie parut un moment inquiète de se trouver seule à Avignon, son mari surtout étant allé quelques jours à Gange ; mais madame de Châteaublanc se rejette sur la certitude où elle est que le chevalier ne la quittera pas ; et cette mère, un peu trop confiante, part sans aucune sorte d’appréhension.

Dès le surlendemain, de Gange vint voir sa belle-sœur. La première recommandation de cette femme prudente fut de le supplier de ne lui amener personne. — Mon mari n’étant point à Avignon, lui dit-elle, je dois être plus circons-