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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/274

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LA MARQUISE DE GANGE

héritage qui aurait mis notre frère à portée de nous faire beaucoup plus de bien. — Je conçois cela, dit madame de Gange ; mais il a fallu suivre les intentions du testateur, et ma mère n’était pas la maîtresse de s’en écarter. — L’abbé, comme Alphonse, reviendra de ses préjugés, reprit de Gange ; et croyez que, dans tous les cas, vous m’aurez toujours là comme votre protecteur et votre meilleur ami.

Voilà comme osait parler le traître, qui, dans ce même moment, creusait à cette infortunée l’abîme dans lequel il allait la plonger.

Ah ! si la trahison, si la fausseté sont des vices affreux, de quelle noirceur épouvantable ne se teignent-ils pas, quand toute l’atrocité du crime les fait peser sur la vertu !

Il y avait près de huit jours que madame de Châteaublanc était absente, et cette époque était celle où sa fille devait l’attendre, si elle tenait la parole qu’elle lui avait donnée. Madame de Gange faisait donc quelques préparatifs pour recevoir agréablement sa mère, lorsqu’une lettre affligeante vint troubler cette joie. Madame de Châteaublanc désirait la présence de sa fille, et la priait de venir très vite dans une maison sur le Cours, dont l’adresse était indiquée de manière qu’il était fort possible de s’y tromper. Uniquement guidée par l’empressement d’être utile à sa mère, Euphrasie, dont madame de Château-