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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/316

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LA MARQUISE DE GANGE

les choses resteront comme elles sont ; je n’y changerai certainement rien.

La peur d’éveiller les soupçons empêcha le marquis de renouveler ses demandes et, craignant même qu’on ne lût dans son âme le secret qu’il avait tant d’intérêt de cacher, il partit, assurant que sa femme n’était pas aussi mal qu’on le pensait et qu’il reviendrait bientôt, mais on ne le vit plus ; ses frères étaient déjà loin.

Madame de Gange sentant approcher ses derniers moments redemanda les secours de la religion… Mais quelle fut sa surprise de se les voir offrir par l’abbé Perret ! Il lui apporte les consolations de la sainte table. La marquise effrayée ne veut pas consommer l’hostie sans que le vicaire en prenne la moitié : il y consent, et madame de Gange satisfait ensuite à tout ce qu’exige la sainteté de ce sacrement, telle affligée qu’elle fût de se le voir administrer par un tel homme[1].

Cinq jours après l’événement arrivèrent les magistrats de Toulouse qui venaient instruire la procédure. Madame de Gange, par un excès de délicatesse bien digne de son âme, afin de donner aux coupables le temps de s’éloigner, pria les

  1. Les mémoires insuffisants ne nous disent pas ici comment il se fit que madame de Châteaublanc, se trouvant pour lors au château, n’ait pas requis un autre ecclésiastique pour administrer sa fille. Nous ne pouvons guère attribuer cela qu’à la rareté des prêtres dans une petite ville comme Gange où il n’y avait presque que des protestants.