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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/47

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LA MARQUISE DE GANGE

comme celui-ci. Une telle injustice ressemblerait à celle d’un homme qui condamnerait tous les livres au feu, parce qu’un tiers de ceux que nous possédons ne méritent seulement pas d’être ouverts.

Si la religion est le plus respectable des freins, ses ministres doivent être les plus respectés des hommes, et leurs torts, s’ils en ont, doivent être excusés par ceux qui reconnaissent le même Dieu que ceux-là servent.

Victor était un vieux valet de chambre de la maison, dont nous ne parlerions pas, sans son ancien attachement pour ses maîtres, et sans le rôle que nous lui verrons peut-être jouer dans la suite.

À cela près des personnages principaux de cette déplorable histoire, et qui ne peindra que trop le récit des malheurs dans le détail desquels nous allons entrer, tels étaient les acteurs qui vont préalablement occuper la scène.

Puissent nos lecteurs, un peu rassurés par les vertus que nous laissons entrevoir, nous suivre maintenant, sans autant d’effroi, dans le détail des événements sinistres que nous devons dévoiler !

On venait de se rassembler dans le grand salon, qu’éclairait un lustre garni de bougies ; une partie d’hombre occupait monsieur et madame de Gange, madame de Roquefeuille, et le comte de Villefranche. Le père Eusèbe, au coin de l’antique foyer de cette salle, éclaircissait un point de