Aller au contenu

Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
LA MARQUISE DE GANGE

pas assez riche pour oser prétendre a sa main. — Avez-vous fait quelques démarches ? — Aucune ; et ce qui m’en a ôté jusqu’au désir, c’est que je n’ai rien trouvé dans Ambroisine qui dût légitimer ces démarches. En arrivant ici, je crus d’abord qu’elle me distinguait ; mais sa froideur m’a rétabli dans le calme dont je n’aurais jamais dû sortir ; et me voilà sans occupation. — Vous avez tort ; ce n’est ni à votre âge, ni avec votre figure, qu’on languit ainsi dans un repos tout à fait funeste à un joli homme. Si vous n’êtes pas content d’Ambroisine, laissez-la à mon frère, auquel je me suis aperçu qu’elle n’est nullement indifférente. — Quoi ! le marquis ? — Êtes-vous donc la dupe de cette constance pour Euphrasie Que vous êtes neuf en amour, mon cher comte ! On se marie par convenance, et l’on s’arrange ailleurs par besoin. Je vous proteste qu’Alphonse aime beaucoup Ambroisine ; que celle-ci n’a repoussé vos sentiments que parce qu’elle est folle de mon frère ; et si vous êtes un franc et preux chevalier, vous devez quelques dédommagements à cette pauvre Euphrasie. — Ainsi donc vous me conseillez votre belle-sœur ? — C’est la liaison la plus sortable qui puisse exister dans la maison pour vous ; et je vous offre mes services… Est-ce qu’Euphrasie ne vous plaît pas ? — Je la trouve délicieuse ; tout ce que vous me dites me convient infiniment,