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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/69

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LA MARQUISE DE GANGE

quelques instants de calme auront bientôt réparé tout cela. Cette femme prudente voulut même que l’on cachât tout ce qui venait de se passer au père Eusèbe, qui s’approchait avec madame de Roquefeuille. Euphrasie essuya ses larmes et la conversation devint générale.

— Nous venons de parcourir le labyrinthe, dit madame de Roquefeuille ; j’en avais entendu parler ; mais c’est la première fois que je m’y promène. — Cette course est instructive, dit Eusèbe ; elle satisfait les yeux en nourrissant l’âme. Que les idées que nous y avons recueillies sont douces ! — Elles sont consolantes, dit Euphrasie, d’un organe un peu altéré, puisqu’elles nous présentent le port où tous nos malheurs doivent cesser, et la vie est bien cruelle quand on a perdu tout ce qui doit nous la faire chérir. — Ces tristes réflexions ne sont pas faites pour vous, dit Villefranche bas à Euphrasie ; et ce n’est pas pour vous que la vie doit avoir des épines. — Je pouvais le supposer hier, dit la marquise, du même ton mystérieux, mais peu d’heures m’ont désabusée. — Puissiez-vous ne jamais l’être sur mon amour, dit ardemment le comte ; et la marquise alors le regardant avec la plus grande surprise : — Je croyais vous avoir faire sentir, dit-elle, à quel point ces discours me déplaisaient, et je ne sais pourquoi vous les recommencez.

— Quel est donc cet air de mystère que prend