Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/287

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leur accorde une imagination plus sensible, elle leur a prodigués de même, tous les moyens du plaisir et de la volupté[1].

Je ne dois pas vous laisser ignorer, non plus, une partie bien extraordinaire, que j’exécutai avec quatre citadines Vénitiennes.

Elles attendirent un jour orageux, et vinrent me prendre en gondole, dans le moment où les éclairs sillonnaient la nue. Nous gagnons la grande mer ; l’orage se décide ; le tonnerre se fait entendre. Allons, dirent ces coquines, voici l’instant, branlons-nous ; que ce soit en bravant la foudre, que nous élançions notre sperme ; et les garces se jettent sur moi comme des Messalines. Ma

  1. Ces charmantes créatures, que l’opinion des sots flétrit avec tant de bêtise, portent dans la société les mêmes qualités que dans le plaisir : elles sont toujours plus vives, plus aimables, plus spirituelles que les autres ; presque toutes ont des grâces, des talens, de l’imagination : et pourquoi donc leur en vouloir d’un tort qui n’appartient qu’à la nature ? Lourds sectateurs des plaisirs ordinaires, vous les blâmez parce qu’elles vous refusent ; mais que l’on analyse celles qui vous aiment, on les trouvera toujours presqu’aussi bêtes que vous.