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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 10, 1797.djvu/86

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propos, Juliette ! — Eh bien ! non, non, dis-je en baisant mille et mille fois mon amie, finissons même toute sorte d’explication là-dessus ; je te répète que je me livre à toi, tu peux compter sur mon cœur comme je fais fond sur le tien : notre union fait notre force, et rien ne pourra la dissoudre. Achève-moi donc maintenant, je te prie, le détail des convenances qui t’irritent pour la consommation du crime : j’aime à voir si elles se rapportent aux miennes, et jusqu’ici j’y vois de grandes ressemblances. — Je t’ai dit que l’âge y faisait beaucoup ; j’aime à dessécher la plante quand elle est arrivée à sa plus grande perfection de fraîcheur et de beauté, entre quinze et dix-sept ans, voilà les roses que je moissonne avec plaisir, surtout quand la santé est parfaite, et que la nature, que j’ai l’air de contrarier alors, paraît avoir formé cet objet, pour arriver bien sain au dernier tenue de la vie. Ah, Juliette ! comme je jouis alors ! les liens m’irritent aussi : je prive avec délices un père de son enfant, un amant de sa maîtresse. — Une tribade de sa bonne. — Eh bien ! oui méchante, tu l’as vu. Est-ce ma faute si la bisarre nature m’a créée coquine à ce point :