Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/149

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servent de caves ; les six autres, de cachots pour les sujets de l’un ou l’autre sexe qui ont mérité cette punition, et ces cas sont si fréquens, qu’il n’y a jamais de place vide ; cette peine est horrible ; tous les accessoires de la plus extrême rigueur l’accompagnent ; l’humidité du local y est d’abord insupportable ; on y est toujours enfermé nu, et l’on n’y a que du pain et de l’eau. Oh ! Dieu, s’écria Justine, ces scélérats ont la cruauté, l’impudeur d’enfermer nu dans un endroit aussi mal sain ? — Absolument, on ne nous y accorde seulement pas une couverture, pas un vase pour les besoins ; s’ils voyent que l’on cherche un coin pour les y déposer, on est battu ; ils vous forcent de les remettre un peu par-ci, un peu par-là dans le milieu de la chambre, et ce n’est que là qu’il vous est permis d’y vaquer. — Quelle recherche de saletés et de barbarie ! — Oh ! toutes celles du despotisme et de la luxure sont inouïes dans cette maison : quelquefois on vous enchaîne dans ces cachots ; on y place avec vous des rats, des lézards, des crapauds, des serpens ; plusieurs d’entre nous sont mortes, rien que pour avoir habité ces cloaques huit jours ; au reste, on n’y est jamais moins que cinq, et très-souvent des mois entiers, Nous y reviendrons,