Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moine adopte deux filles, qui doivent, pendant cet intervale, lui tenir lieu, et de servante et de plastron, à ses sales desirs ; il ne peut ni les changer dans le cours du mois, ni leur faire faire deux mois de suite ; rien n’est aussi dur, aussi sale, aussi cruel, que les corvées de ce service, et je ne sais comment tu t’y accoutumeras. — Hélas ! répondit Justine, je suis faite à la peine, il n’y a qu’aux horreurs où je ne puis m’habituer.

Aussi-tôt que cinq heures sonnent, poursuivit Omphale, les filles de garde, conduites par le geolier, descendent nues près du moine qu’elles servent, et ne le quittent plus jusqu’au lendemain, à l’heure où il repasse au couvent ; elles le reprennent, dès qu’il revient au sérail. Elles emploient le peu d’heures que leur service leur laisse, à manger et à se reposer ; car il faut qu’elles veillent toute la nuit auprès de leur maître ; elles sont là pour servir aveuglément tous les caprices de ce libertin ; que dis-je ! tous ses besoins ; il n’a point d’autre vase pour les satisfaire que la bouche ou les tetons de ces malheureuses, qui, perpétuellement colées près de leur despote, doivent endurer, soit de nuit, soit de jour, tout ce qu’il lui plaît d’infliger de plus