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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 2, 1797.djvu/45

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puyée sur sa fenêtre, ne pouvant se déterminer à se mettre au lit, lorsqu’elle crut entendre du bruit dans les broussailles qui environnaient sa tour ; elle écoute. Ouvrez, lui crie-t-on, et n’ayez pas peur ; on a des choses importantes à vous dire. Justine avance la tête, elle prête l’oreille ; tout ce qui ressemble au soulagement est si précieux dans la cruelle situation où elle est ! On lui répète les mêmes choses. Dieu ! quelle est sa surprise, en reconnaissant la voix de Cœur-de-Fer, ce célèbre capitaine de voleurs, avec lequel elle était sortie de la conciergerie Malheureux, lui dit-elle, que cherchez-vous dans les abords de cette affreuse maison ? — Nous venons en arracher une femme qui nous intéresse ; c’est notre unique but : Bandole est un scélérat comme nous ; d’après cela ses goûts, ses propriétés, ses plaisirs, tout sera respecté ; mais il nous faut la femme que ses émissaires nous ravirent il y a un mois, et il nous la faut pour l’immoler, parce qu’elle nous a trahi de la plus cruelle façon Hélas ! monsieur, dit Justine, n’ai-je pas à-peu-près les mêmes reproches à me faire ? et quand je serai dans vos mains, ne me devrez-vous pas autant de rigueur ? Ne le crains pas,