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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/123

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les droits que lui enlève la propagation ; et sans les meurtres privés ou politiques, le monde serait si rempli, qu’il ne serait plus possible de l’habiter. Mais, certes, s’il est une occasion où le meurtre devienne une délicieuse jouissance, il en faut convenir, mes amis, c’est assurément bien dans le cas où nous sommes : est-il rien en effet de plus délicieux que de se débarrasser d’une femme dont on a joui long-tems ! Quelle divine manière de servir ses dégoûts ! quel hommage à la satiété ! Voyez ce cul, poursuit l’orateur (montrant Mariette), ce cul qui si long-tems sut servir nos plaisirs ; voyez ce con (montrant Octavie), qui, quoique moins ancien, n’en a pas moins rassasié tous nos vits ! N’est-il pas tems que des objets aussi détestables aujourd’hui rentrent enfin dans le sein du néant dont ils n’ont dû sortir que pour nos voluptés ? O mes amis ! quelle jouissance ! dans peu d’heures la terre va couvrir ces exécrables chairs, elles ne dégoûteront plus nos appétits lascifs… elles ne révolteront plus nos yeux… dans peu d’heures ces misérables auront vécu ; à peine une faible idée nous restera-t-elle de leur existence ; nous ne conserverons plus d’elles que le souvenir de leurs supplices. L’une, Octavie, douce, belle, timide, ver-