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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/209

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noirs et méchans, sa grande bouche mal meublée, son front ténébreux et chauve, le son de sa voix rauque et menaçant, l’énormité de ses bras et de ses mains, tout contribue à en faire un individu gigantesque, dont l’abord inspire la terreur. Vous verrez bientôt si le moral et les actions de ce satyre répondent à son affreuse caricature ; de l’esprit d’ailleurs, des connaissances, mais point de mœurs, point de religion, l’un des plus grands scélérats qui aient jamais existé, et le plus célèbre gourmand dont vous ayez entendu parler de vos jours. Rien de singulier comme le genre de ses débauches ; sa femme est le premier objet de sa férocité ; mais il entremêle à cela des épisodes sodomites si libertins, que je suis persuade qu’avant huit jours vous me remercîrez l’un et l’autre de vous avoir procuré cette connaissance. — Et c’est à cette femme, malheureux objet des fureurs de son mari, que vous me destinez, monsieur, dit Justine. — Sans doute, c’est une femme fort douce à ce qu’on dit… Je ne la connais pas, moi… mais on assure que c’est une femme honnête et sensible, qui a besoin d’avoir auprès d’elle quelqu’un qui lui ressemble… un être doux qui la console ; il me semble, Justine, que cela s’ar-