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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/240

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mit à table, et invita Justine à lui tenir compagnie, avec un air d’amitié… d’affabilité, qui acheva de lui gagner à jamais le cœur de celle qu’on lui donnait pour surveillante. Il y avait au moins vingt plats sur la table.

Relativement à cette partie, vous voyez qu’on a soin de moi, mademoiselle, dit madame de Gernande ? — Je n’ignore pas, madame, que la volonté de M. le comte, est que rien ne vous manque, — Oh ! oui ; mais comme les motifs de ces attentions ne sont que des cruautés, elles me touchent peu.

Madame de Gernande, épuisée, et vivement sollicitée par la nature à des réparations perpétuelles, mangea beaucoup ; elle desira des perdreaux rouges et un caneton de Rouen, qui lui furent apportés dans la minute. Après le repas, elle alla prendre l’air sur sa terrasse, mais en se soutenant sur Justine ; il lui eût été impossible de faire un pas sans cette précaution. Ce fut alors qu’elle montra toutes les parties de son corps à sa nouvelle compagne ; celle-ci fut confondue de la prodigieuse quantité de cicatrices dont cette pauvre femme était couverte. Il ne s’en tient pas aux bras, comme vous voyez, dit madame de Gernande ; il n’est pas un endroit de mon malheureux in-