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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/242

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Ce sera pour après-dîner, dit Gernande ; préparons-nous à ce grand œuvre par un repas des plus lascifs. Justine et Dorothée dîneront nues, six de mes petits Amours les entremêleront dans le même état, les six autres nous serviront, vêtues en prêtresses de Diane, et je vous promets le meilleur dîner que vous ayiez encore fait chez moi.

Il était effectivement difficile de rien voir de plus somptueux et de plus exquis, de plus rare et de plus délicieux, que tout ce qui parut à ce repas. Les quatre parties de la terre semblaient avoir concouru pour couvrir de leurs trésors, en tous genres, la table de ces libertins ; on y voyait à-la-fois des vins de tous les pays et des mets de toutes les saisons : ce seul dîner coûta plus sans doute qu’il n’eût fallu pour nourrir dix ou douze malheureuses, familles, pendant un mois.

Après les plaisirs de la luxure, dit Gernande, il n’en est pas de plus divins que ceux de la table. — Ils se prêtent si bien des forces l’un et l’autre, dit Bressac, qu’il est impossible aux sectateurs du premier de ne pas adorer le second. — C’est que rien n’est délicieux comme de se gorger de mets succulens, dit Gernande ; je ne connais rien qui chatouille