Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/249

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dans moi. De telles considérations, sont des liens assez sûrs parmi les hommes, pour qu’ils ne cherchent jamais à les rompre. — Vous avez raison, mon oncle, nous ferons peut-être beaucoup de crimes ensemble ; mais nous n’en entreprendrons jamais qui nous nuisent. J’ai pourtant vu l’instant où notre cousin respectait peu cette considération : il m’avait dévoué. — Oui, dit d’Esterval, comme parent, jamais comme confrère de débauches ; dès que j’ai eu su ce dont vous étiez capable, nous ne nous sommes plus occupés que de nous aimer et de nous réunir. — Soit ; mais vous conviendrez que madame d’Esterval avait bien de la peine à me faire grâce ? — Ne me le reprochez pas, répondit Dorothée ; votre éloge est dans votre arrêt. La terrible habitude où je suis d’immoler les hommes qui me plaisent, traçait votre sentence à côté de ma déclaration d’amour ; moins joli, vous eussiez peut-être échappé. — Certes, ma cousine, dit Gernande en riant, vous ne desirez pas, ce me semble, qu’on ait très-envie de vous plaire ? — Messieurs, je suis égoïste comme vous, et pourvu qu’on serve mes passions, l’amour et la vanité n’y font rien. — Elle a raison, dit Gernande ; voilà comme