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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/321

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les préjugés religieux et moraux ; c’est un sujet délicieux, je l’adore ; je voulais coucher avec lui ce soir, mais son père veut qu’il se repose pour demain. — Pour demain, monsieur ? — Oui, demain nous célébrons une grande fête, c’est l’anniversaire de la naissance de ma femme ; peut-être voudrons-nous que les parques coupent le fil au bout du fuseau… Qui sait ? Dieu lui-même, ce Dieu dont tu crois la fabuleuse existence, ne démêlerait pas… ne devinerait pas la fantaisie des scélérats qui nous ressemblent. — Oh ! monsieur, dit Justine avec inquiétude, si j’étais assez heureuse pour que vous puissiez vous passer de moi dans les orgies que vous projetiez ! N’aurez-vous pas assez de monde, et ne vous suis-je pas parfaitement inutile ? — Non, non, ta douce vertu nous est essentielle ; ce n’est que du mélange de cette qualité charmante et des vices que nous lui opposerons, que doit naître pour nous la plus sensuelle volupté ; ta tendre et chère maîtresse d’ailleurs aura besoin de ton secours… Il faut que tu t’y trouves, Justine… Il le faut indispensablement. — Oh ! quelle corvée, monsieur… participer à tant d’infamies !… Savez-vous bien qu’il n’en est pas de plus affreuse que