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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/323

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la plus grande partie de l’Afrique et de l’Amérique, on épouse publiquement son père, son fils, sa sœur, sa mère, etc.  ; et quelle plus douce alliance que celle-là, Justine  ! en peut-il exister qui resserre mieux les liens de l’amour et de la nature  ? Ce fut, dans la crainte que les familles, en s’unissant ainsi, ne devinssent trop puissantes, que nos loix en France ont érigé l’inceste en crime  ; mais gardons-nous bien de confondre, et ne prenons jamais pour loix de la nature, ce qui n’est que le fruit de la politique. En adoptant même une minute tes systêmes sociaux, je te le demande, Justine, comment serait-il possible que la nature s’opposât à de telles alliances  ! Ne resserrent-elles pas les premiers nœuds qu’elle nous impose selon toi  ? Peut-il être à ses yeux rien de plus sacré que le mélange du sang  ? Ah  ! prenons-y bien garde, Justine, nous nous aveuglons sur ce que la nature nous dicte à cet égard  ; et ces sentimens d’amour fraternels, filiaux lorsqu’ils s’exercent d’un sexe à l’autre, ne sont jamais que des desirs lubriques  : qu’un père, qu’un frère, idolâtrant sa fille ou sa sœur, descende au fond de son ame, et s’interroge scrupuleusement sur ce qu’il éprouve, il verra si cette pieuse ten-