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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/348

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crime et de l’atrocité ; pour satisfaire mes intentions perverses sans autant de risques que les malfaiteurs ordinaires, et pour multiplier mes victimes, par une insigne trahison qui met tous mes sens dans un feu, dans un embrâsement indicible, je me sers d’une poudre qui porte aussi-tôt la mort dans le sein de ceux qui la respirent ou qui l’avalent. Cette poudre est tirée de la racine d’Addad, qui croît dans l’Afrique[1], mais dont les curieux peuvent élever des plantes ; le poison qui s’en extrait est si violent, qu’une très-petite dose suffit à donner la mort la plus prompte et la plus douloureuse. Tu n’imaginerais pas, ma chère fille, l’innombrable quantité de victimes qui périssent ainsi traitreusement sous mes coups ; mais comme celui qui se livre au crime desire toujours au-delà de ce qu’il exécute, peu satisfait encore de la multiplicité d’individus qui tombent près de moi, je m’occupe d’un moyen d’étendre ces actions : pour y réussir, j’ai besoin d’un aide… j’ai jeté les yeux sur toi ; munie de ma poudre infernale, c’est le

  1. En Numidie.