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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/41

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pointes, qui, ainsi que celles dont je vais parler, n’agissaient qu’au besoin. Elles étaient à huit pieds de distance l’une de l’autre ; entre elles était une table garnie des mets les plus succulens et les plus délicats : aucune autre espèce de nourriture ne leur était présentée. Or, pour y toucher, il fallait étendre le bras : en l’allongeant, d’abord le premier supplice qu’elles éprouvaient par cette action était l’impossibilité d’y atteindre. Un bien plus violent ne tardait pas à se faire ressentir : par ce mouvement de tension du bras, celle qui le faisait, armait aussi-tôt contre elle et contre sa voisine plus de quatre mille pointes ou ciseaux d’acier, qui, dans l’instant, déchiraient, piquaient, ensanglantaient et l’une et l’autre victimes ; de sorte que ces infortunées ne pouvaient penser à soulager le besoin qui les consumait, qu’en s’assassinant mutuellement toutes deux. Elles vécurent une semaine dans cet odieux supplice, pendant laquelle je passais huit heures par jour à les contempler, soit en me faisant foutre, soit en sodomisant, également sous leurs yeux, les plus jolis objets de mon sérail. Je n’ai de ma vie goûté de plaisir plus violent : il est impossible de rendre tout ce que ce spectacle me fit éprouver