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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/50

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rien dans ce projet qui blessât son honneur, elle l’acceptait, en priant ses parens de n’y porter aucun obstacle ; que d’ailleurs, ils fussent extrêmement tranquilles, et qu’elle leur écrirait aussi-tôt qu’elle serait arrivée.

Il est un Dieu pour les ruses lubriques ; la nature les aime, elle les protège ; aussi en voit-on rarement échouer ; mais de toutes celles qui avaient été imaginées depuis bien long-tems, aucune, j’ose le dire, n’avait aussi complètement réussi. Frosine arriva dans ma terre le lendemain du jour où je lui avais donné rendez-vous dans la chapelle indiquée, et dès le même soir elle fut soumise à mon libertinage. Mais, quel fut mon étonnement ! lorsque j’apperçus qu’avec la plus jolie figure qu’il fût possible d’avoir, Frosine était douée des plus minces attraits ; je ne vis de mes jours un cul plus sec, une peau plus brune, pas un soupçon de gorge, et le con le plus baveux et le plus mal placé ; séduit par de jolis traits, je foutis néanmoins toujours, mais en la traitant mal ; on n’aime pas à être dupe ; Frosine reconnut sa faute, et la pleura bien amèrement, lorsqu’obligée de partir pour parer à tout par ma présence, elle se vit jetée par Clémentia dans un obscur cachot, autant