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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/52

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dents ; quelquefois il enculait la victime pendant que nous opérions ; d’autres fois Bonifacio arrachait, et nous sodomisions. Tous deux assouvirent amplement leur luxure avec Frosine, et quand nous l’eûmes dépouillée des trente-deux belles dents que lui avait donnée la nature, le supérieur voulut l’immoler à sa manière, vous vous rappelez sa passion. On fit avaler à cette malheureuse deux gros de sublimé corrosif dans de l’eau-forte ; et ses douleurs, ses crispations furent si violentes, qu’il devenait impossible de la fixer pour en jouir. Chrisostôme en vint cependant à bout, et ses jouissances furent marquées au coin de l’ivresse la plus extraordinaire, et du délire le plus inconcevable : nous voulûmes l’imiter, et nous éprouvâmes bientôt qu’il n’existait rien en luxure d’aussi piquant que cette manière de jouir dont Chrisostôme faisait ses délices. Cela est facile à concevoir, sans doute ; tout se rétrécit alors dans une femme ; ses sensations, d’ailleurs, sont dans un degré d’irritation si violent, qu’il est impossible de n’être pas électrisé soi-même. O Justine ! dit Clément en interrompant ici son confrère, vous le voyez, Chrisostôme raisonnait comme moi ; « On n’irrite jamais