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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/76

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tion n’est délectée que par lui seul. Almani, interrompis-je avec chaleur, vous bandez, sans doute, en vous y livrant ? Jugez-en, me dit le chymiste et me mettant à la main un vit gros comme le bras, et dont les veines violettes et gonflées semblaient prêtes à s’ouvrir sous la violence du sang qui circulait dans elles. — Et vos goûts, mon cher, quels sont-ils ? — J’aime à voir périr une créature dans quelques-unes de mes expériences ; je fouts une chèvre pendant ce tems-là, et je décharge quand la créature expire. — Et des hommes, vous n’en foutez point ? — Jamais ; je suis bestialitaire et meurtrier, je ne sors pas de là.

Almani finissait à peine de me répondre, qu’une lave s’ouvrit à nos pieds ; je me lève effrayé, et lui, sans s’émouvoir, balottant toujours son vit à pleines mains, me demande flegmatiquement où je vais : ne bougez donc pas, me dit-il ; vous voulez connaître mes passions, venez-en voir une, venez, poursuivit-il en se branlant, venez voir jaillir les flots de mon foutre dans ceux de bitume et de souffre dont l’aimable nature entoure ici nos pas ; il me semble que je suis aux enfers, que je décharge dans ses feux ; cette idée m’amuse ; je n’étais ici que pour y satisfaire ;